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Sarkozy, symbole de la déchéance de la classe politique

Sans surprise, Nicolas Sarkozy vient d’être élu à la tête de l’UMP. Voir cet homme, qui a piétiné avec application quasiment toutes ses promesses, et dont on ne compte plus les casseroles, être porté à la présidence d’un parti par deux tiers des adhérents dès le premier tour, c’est fascinant. Chez le militant UMP de base, il y a un subtil mélange de masochisme, de naïveté, d’aveuglement et de culte de la personnalité qui le pousse à voir en Sarkozy la réincarnation à la fois de Vercingétorix, Jeanne d’Arc et de Gaulle. Cet homme a craché sur le vote des français en faisant passer le traité de Lisbonne après le « Non » au référendum sur le traité européen. Il promet de passer le karcher dans les cités : on n’en a pas vu la trace. Quand il ne vante pas les mérites du métissage et de la diversité, il assure que la sécurité d’Israël est le « combat de [s]à vie ». Ne parlons même pas des promesses de quitter la vie politique, après sa défaite de 2012…

Tout ceci rend encore plus pitoyable les quelques naïfs qui croient en sa volonté d’abroger le mariage homosexuel. Il l’abrogera sûrement, comme la droite a abrogé l’IVG, le Pacs, les 35 heures… C’est-à-dire jamais.

Il faut bien reconnaître que ce qu’il a en face de lui, au sein de l’UMP (qu’il souhaite d’ailleurs renommer), ne vaut pas mieux. Alain Juppé ne cache plus son intention de s’allier au centre, et si possible d’aller jusqu’à gauche, pour prendre le pouvoir (sa dernière chance d’y accéder, vu son âge…). Au fond, cela n’a rien d’incohérent : il n’a aucune divergence profonde entre la gauche de l’UMP et la droite du PS, entre Valls et Juppé. Valls est en bien meilleure position que Hollande pour 2017, et il souhaite, comme ses homologues de « droite », renommer son parti pour le « centriser » : il proposait récemment d’abandonner l’adjectif de « socialiste », pour prendre celui de « progressiste ».

Au fond, ce que l’on voit là, c’est l’officialisation, suite à des circonstances particulières, de ce qui existait déjà auparavant de manière souterraine. Les partis traditionnels doivent faire face, en urgence, à la montée du FN, qui n’est que le signe d’une « droitisation » de la société (bien que les concepts de droite et de gauche deviennent de plus en plus obsolètes). Ce mouvement de fond, qui s’exprime à la fois par la percée frontiste, une réaction face à des bouleversements moraux (mariage pour tous…), un rejet de phénomènes anti-français (immigration, UE..), surprend à la fois par son ampleur et par sa radicalité. Un exemple type est le cas de Zemmour : la classe politico-médiatique est surprise à la fois par le nombre de gens qui le lisent, et par le fait que tous les tabous sur ces sujets sautent.

Un vaste mouvement de « réaction », donc, qui force les partis à réagir de deux façons. D’un coté, surenchère dans la diabolisation des opposants : les références quotidiennes aux « heures les plus sombres de notre histoire » en deviennent ridicules. De l’autre, une alliance officielle entre les partis ayant les mêmes intérêts. Ainsi, droite et gauche modérées, libéraux-libertaires de tous bords, progressistes mondialistes, essayent de se réunir.

Cela ne va pas sans heurts : la base militante a du mal à suivre, mais elle suivra. Face à cela, l’extrême-gauche étant aujourd’hui agonisante, le FN pense avoir un boulevard. La situation n’est pourtant pas aussi simple. En effet, de plus en plus d’électeurs, dégoûtés par les différentes affaires que traînent les partis, ne sont plus disposés à voter sur une étiquette. Ce dégoût des partis politique n’empêche pas un intérêt pour la politique en général. En clair, si le FN veut arriver à 50% des voix, il ne lui suffit pas de passer sur les plateaux TV, tout en arborant un programme quelconque, peu intelligible, même si cela contribue à le dédiaboliser. Pour gagner, il lui faut un programme clair, en phase avec les attentes des électeurs, et qui correspond à ce qu’on attend de ce parti.

Tout ce petit jeu est peut-être passionnant, mais cela fait bien longtemps que cela dure. Environ deux siècles, et avec des résultats plutôt stériles. Il est important de s’y intéresser, car c’est de ce carnaval que dépend (hélas !) le sort de notre pays et de ses habitants. Cependant, il faut proposer quelque chose de neuf ; qui permettent de sortir de la politique des prochaines élections, de la démagogie et du court-termisme, tout en en favorisant l’intérêt national, et sans pour autant écraser les libertés individuelles et communautaires. Vous voyez de quoi je veux parler ?

François Etendard

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